IDÉES POLITIQUES • Henrik se déclare anarchiste libertaire et cela transparaît dans tous ses textes, qu'ils relèvent de la fiction ou non. Cependant, il existe une nette différence entre la parole et les actes et l'anarchisme d'Henrik se réduit à refuser de se marier et de voter. C'est également ces opinions politiques qui lui servent d'excuse pour refuser toute forme d'engagement ou de responsabilité.
Plus jeune, il se revendiquait anarchiste de droite mais a rapidement compris que ce courant n'abritait que des nazillons peu crédibles.
SON OEUVRE • Ecrire et publier ses oeuvres ont permis à Henrik de gagner confiance en lui. C'est dans son travail que son côté sérieux et mature ressort. Durant les phases d'écriture, il s'impose une ascèse stricte et la suit à la lettre. Six heures d'écriture par jour, trois jours sur quatre, et des repas fractionnés afin de lui éviter le coup de barre en début d'après-midi. Grâce à cela, il a un rythme d'écriture rapide qui lui ont permis de sortir neuf ouvrages en onze ans.
Il a écrit cinq romans d'anticipation qui sont sûrement ses œuvres les plus connus dans son pays d'origine. Le reste sont des essais politiques, traduits en plusieurs langues, qui se vendent principalement en France et en Allemagne.
LE MANQUE • Henrik a quitté son pays natal à 24 ans, cherchant à mettre le plus de distance possible entre lui et toi, son âme-soeur. Il s'était imaginé que ça serait facile. Qu'il t'oublierait vite, mais ce ne fut pas le cas. Il était extrêmement dur de penser à autre chose et il lui arrive encore de vomir dès le réveil après avoir rêvé de toi.
S'il n'a pas réussi à faire disparaître ces symptômes, et si vos souvenirs communs le hanteny encore chaque jour, il est parvenu à mieux contrôler ce mal-être en écrivant des lettres (qu'il n'a jamais envoyés) qui te sont adressées.
SON FRÈRE • Les garçons Laaksonen n'ont jamais été complices. Au contraire, ils ont toujours été dans une sorte de concurrence. Henrik continue d'être dans cette dynamique, aveugle à la capitulation de son frère qui a mûri.
LA FINLANDE • Sa relation avec son pays natal est ambivalente. D'un côté, il l'aime, ce pays. Il est confortable, propre, riche. Mais d'un autre côté, la vie y est plus chère qu'en Thaïlande et il ne peut pas vivre ici aussi bien que là-bas. De plus, la Finlande n'est pas un pays européen très porté sur l'anarchisme. Disons qu'il aime avoir la nationalité finlandaise et ne pas avoir a y vivre en permanence. Le retour est difficile.
SON NID • Henrik a depuis quelques années un joli appartement dans Töölö qu'il loue via une agence. C'était un complément de revenus agréables et un refuge déjà prêt pour ses vieux jours qu'il comptait passer à Helsinki. Il dort à l'hôtel quelques semaines, le temps que le bail de ses locataires actuels prenne fin, malgré les plaintes de sa mère qui aurait aimé l'avoir à la maison avec elle. Elle ne comprend pas pourquoi son fils aîné la laisse vivre seule durant une telle épreuve.
VIVRE SEUL • Se prendre en charge n'a jamais été le fort d'Henrik. En Thaïlande, il avait un employé de maison ainsi que sa compagne. Maintenant seul, un choix s'est offert à lui : apprendre à se démerder ou trouver une nouvelle personne pour s'occuper de lui. Bien sûr, c'est la seconde option qui fut choisie. Pour le moment, il prends tous ses repas à emporter (ce qui commence à peser sur son budget) et demande à ses match tinder de l'aider à trier son linge et démarrer ses machines à laver. •
SON PÈRE • Henrik a toujours été un fils à maman, bien plus qu'un fils à papa. Son père le poussait toujours trop à son goût, que ça soit à l'école ou dans ses activités extra-scolaire. Le voir si malade et fragile a été un choc pour l'auteur qui eut l'impression d'avoir d'ores et déjà perdu son géniteur.
EN VRAC • Henrik parle finlandais, l'anglais, allemand (pas couramment) et thaï. | Il est allergique à l'avocat | Il s'est inscrit sur plusieurs applications de rencontres dès son arrivée en Finlande | Il aime la musique classique, ainsi que les musiques acoustiques et globalement les morceaux "calmes"| Il est amoureux de la cuisine thaï et de la cuisine épicée en générale | Plus jeune, il jouait de la contrebasse. Il a arrêté à son déménagement pour la Thaïlande mais a tout de même récupérer son vieil instrument en revenant en Finlande | Il a faillit mourir de la rage en 2008, après avoir été mordu par une chauve-souris malade alors qu'il était lui-même transformé. Revenu à sa forme humaine, il a reçu les traitements avant l'apparition des symptômes, mais il se méfie de ses congénères.
Anecdotes
Histoire
L'enfance
Il nait dans une banlieue chic d'Helsinki, une année et demi avant son frère. Un quartier sans histoire et sans problème. Sans rien de vraiment excitant non plus. Les Laaksonen font partie de cette petite bourgeoisie ennuyeuse, où les potins sont fades et les haies bien coupées. Ceux qui prétendent que c'est derrière les plus belles façades que se cache les secret les plus lourds se trompent ; en creusant, on ne trouve que routine et lassitude. L'argent est trop présent pour faire l'objet d'angoisses, mais pas assez abondant pour devenir un vice. Henrik grandit dans cet univers aseptisé, s'évadant via les livres que sa famille lui offre sans compter. Son attrait pour la culture est grandement encouragé par sa famille et fait la fierté de ses parents. Ils ne sont peut-être pas aussi riche de l'oncle Hawkins, mais ils ont mis un point d'honneur à être présents dans la vie de leurs enfants. Ces petites concurrences familiales pourraient mettre du piment dans la vie d'Henrik, mais ce dernier est alors trop jeune pour les comprendre...
Le déménagement des Laaksonen pour Helsinki est le premier événement mémorable dans la vie du garçon. Aux portes de l'adolescence, voilà qu'on lui offre un nouveau monde à explorer. La ville est immense, bruyante et changeante. Chaque rue regorge de détails qui retiennent l'attention du jeune homme en devenir. Il adore ça, il fouine, observe, traîne, jusqu'à saisir le sens de chaque chose. En hiver, il se réfugie dans les bibliothèques de la ville où il se gave de romans en tout genre. Son père le pousse de plus en plus à l'école, tente de le forger à son image mais Henrik résiste.
Le doute
Des doutes éclosent en lui comme des fleurs dans un immense jardin. Ne compare-t-on pas l'adolescence au printemps ? Il doit choisir qui il veut être. Il a la réponse, mais elle ne serait pas acceptable pour ses parents. Ecrire des romans de sciences-fictions, ce n'est pas sérieux. En parallèle, Henrik forge ses opinions politiques à grand coups de lectures et de café-débat. La liberté lui fait du pieds et pourtant, il refuse de sacrifier son confort. Paradoxe qu'il résoudra en se tournant vers des mouvances se réclamant de l'anarchisme de droite. Il se cherche, tâtonne. En politique comme ailleurs.
Et puis, le jour de sa rentrée en terminale, sa phrase change. Vous vous êtes croisés dans un couloir. Tu es entré dans sa vie au pire moment. Comme s'il n'était pas déjà assez perdu, voilà que le destin en rajoute une couche. Tu es un garçon, et pour Henrik ça ne peut être qu'une erreur. Tu le fais douter de la seule chose qu'il pense immuable : son orientation sexuelle.
Le même soir, il subit sa première transformation. Subir, oui. Il hurle à la mort, alors qu'il est seul dans l'appartement. Ses parents l'avaient prévenu, mais pas préparé. De retour à sa forme humaine, il passe la nuit à sangloter en boule sur la moquette de sa chambre. Il n'a pas la force de se hisser dans son lit. Le moindre mouvement semble lui briser des os. Pour la première fois de son existence, Henrik pense qu'il ferait mieux de crever.
La pente
Alors que tout semble aller au plus mal, le jeune garçon trouve le courage d'avancer. Il dissimule sa nouvelle phrase (ta phrase à toi, maintenant sur son corps) à ses parents, restant constamment habillé en leur présence. Seul son frère est au courant. Lui qui semble si à l'aise dans sa vie. Après t'avoir repoussé de toute ses forces, vous parvenez à lier une amitié. Un truc spécial, rien qu'à vous. Vous n'avez pas besoin de parler pour vous comprendre et, en cas de coup dur, tu es la première personne vers qui il se tourne. Plusieurs nuits, vous vous endormez dans les bras l'un de l'autre. Ton existence ne l'empêche pas d'avoir des petites amies. Au contraire. Plus vous vous rapprochez, plus Henrik se jette dans les bras de la première venue. Quand à ses transformations qu'il subit encore, il ne t'en parlera jamais. Il sait qu'il est un monstre, il n'a pas besoin de le voir dans ton regard.
Et puis il y a cette soirée. Vous fêtez le master d'Henrik en politique et communication. Un truc stupide, choisit par ses parents, mais décroché de justesse à cause de ses opinions souvent trop tranchées. Vous avez tous les deux beaucoup trop bus. Vous êtes sur le balcon, rien que vous deux. Les autres se sont réfugiés à l'intérieur, comatant devant un film. Dans un élan de courage tu passes ta main sur sa joue, rendue hirsute par un mauvais rasage. Il ne prend jamais soin de lui en période d'examens. Et le plus simplement du monde, peut-être parce que l'idée vous a souvent traversée l'esprit, vous vous embrassez. Ca ne dure pas plus de trois secondes, Henrik se recule rapidement pour vomir ses tripes par dessus la rambarde. Les mélanges d'alcool ne passent pas.
Le départ
Le réveil du lendemain est compliqué. La gueule de bois vous garde au lit de longues heures, bien après que tout le monde soit partis. Henrik fini par ouvrir les yeux, et bredouiller qu'il a du trop boire, que ses souvenirs de la veille sont flous, qu'il a besoin d'air. Et alors qu'il s'éloigne de toi, tu comprends que ce baiser ne vous a pas rapproché du tout.
Un mois plus tard, Henrik t'annonce son départ pour la Thaïlande. Il t'explique que c'est pour pouvoir écrire tranquillement, en ermite. Que la vie là-bas y est moins chère, donc qu'il aura moins de mal à devenir indépendant, financièrement parlant. Ça te fait rire, parce que ton ami n'a jamais été indépendant et tu penses qu'il n'en est pas capable. Il ne te donne pas ses vrais raisons. Il ne mentionne pas le fait qu'il veut vous fuir, son père et toi, et qu'il a besoin de réponse sur sa forme animale. Tu ne connais rien de cette malédiction qui est la sienne. Tu lui fais tes au revoir, persuadé que ce voyage ne sera que de courte durée.
L'oeuvre
Il lui faudra peu de temps pour comprendre qu'il n'est pas une roussette de Malaisie mais une roussette à tête grise. Pourtant, il n'envisage pas de déménager pour l'Australie. Il s'y plaît, en Thaïlande. Ton absence lui déchire les tripes, mais il aime ça. Il se sent en vie. Il se dit que c'est sûrement ce qu'il mérite. La douleur l'inspire.
Il s'installe en ville, dans un premier temps, et commence à écrire. Il ouvre un blog, où il partage des billets politiques. Puis ses billets s'articulent entre eux et deviennent un essai critique du capitalisme. Trois ans après son arrivée dans ce nouveau pays, il publie son premier ouvrage chez un éditeur Allemand. Il en profite pour revenir en Finlande, une dizaine de jours, mais ne t'en dira rien. De toute façon, après trois ans de silence radio, tu as compris le message et tu n'essaie plus de le contacter.
Il publie ouvrage après ouvrage, commence à donner des conférences et monter l'échelle sociale. Il gagne un salaire d'européen dans un pays où la majorité de la population ne touche même pas 500$. Son train de vie s'éloigne de celui prôné par ses essais. Il s'installe dans une ancienne maison coloniale sur l'île de Phuket, engage quelques domestiques, stabilise son couple avec Maesa, une docorante locale. Finalement, c'est une vie comme celle dans la jolie banlieue d'Helsinki qu'il décide de vivre. Routine et barbecue. Ton absence et les symptômes que cela crée chez lui sont les derniers drames dans son existence, il les chérie.
L'auteur fait quelques voyages en Finlande, sans jamais te prévenir. Tu ne fais plus partie de sa vie, il ne fait plus partie de la tienne. Il a besoin de te savoir loin, afin de continuer à aller mal.
La peur
2020 - La sonnerie du vieux fixe retenti. L'anarchisme refuse de s'acheter un portable. C'est Maesa qui décroche et qui tente, dans son anglais approximatif, de communiquer avec son beau-frère. Henrik lui prend le combiné des mains, agacé par ce dialogue de sourd. Les deux frères sont restés en contact, un appel de sa part n'a rien d'extraordinaire. Pourtant, les nouvelles sont mauvaises. Leur père est à l’hôpital après un accident vasculaire cérébrale. Les médecins ne savent pas quelles séquelles resteront. L'auteur entend la gorge de son frère se serrer, alors qu'il le supplie de revenir en Finlande.
Il n'a donné l'heure de atterrissage à personne. Personne n'est là pour l'accueillir et pourtant, il cherche en vain dans la foule un visage familier. Non, il est bien seul. Il a refusé que Measa l'accompagne, a emballé ses affaires préférées et est parti. Aussi simplement que ça. Il sait qu'il ne reviendra pas sur cette île de Thaïlande mais a laissé volontairement planer le doute. Il n'aime pas les Adieux.
Il monte dans un taxi, le cœur serré et le souffle court. C'est une crise de panique. Il en a vu d'autres, depuis qu'il t'a abandonné, mais celle-ci est différente. Il n'est pas question que de toi, mais aussi de son père, de son frère, de ce pays qu'il avait laissé derrière lui. Il n'est plus aussi libre que la veille, la Finlande ne le laissera pas faire. Ici, pas question de vivre en ermite dans un maison coloniale, ou de voyager en forme animale. Les roussettes ne font pas légion.